Comment est née votre passion pour le vin et pouvez-vous nous raconter votre parcours avant de vous lancer dans la production de vin en Afrique du Sud ?
Quand j’étais petite, je passais mes journées dans le jardin de ma mère ou la tête dans les placards de la cuisine, essayant de sentir tout ce que je pouvais. Ma grand-mère était une cuisinière hors pair et elle m’a grandement inspiré. Mon père, qui est ingénieur, a encouragé ma curiosité pour les sciences. Ce sont finalement ces éléments qui m’ont orienté vers l’univers du vin.
J’ai étudié la vinification à Stellenbosch, puis j’ai obtenu un master en œnologie à Montpellier et Madrid. J’ai également participé à plusieurs vendanges à l’étranger, à Marlborough en Nouvelle-Zélande, en Argentine, en France et en Allemagne.
Quelles rencontres clés vous ont aidé à développer votre vision de la vinification ?
Plusieurs personnes ont eu une influence déterminante dans ma vie.
Tout d’abord Rosa Kruger avec qui j’ai eu la chance de faire mon stage en viticulture. Elle est probablement l’une des viticultrices les plus importantes d’Afrique du Sud. Elle m’a ouvert les yeux sur l’importance de poser autant de questions que possible, de toujours rechercher la perfection et de voir plus loin que ce que l’œil peut percevoir.
Ensuite Adi Badenhorst avec qui j’ai eu la chance de travailler en 2017. C’est une personne très créative. Tout son être est animé par la création d’une communauté et d’un lieu où les gens peuvent se sentir chez eux. Il essaie toujours de produire des vins avec beaucoup de personnalité, mais très accessibles.
Ma vision est de produire des vins qui reflètent le potentiel des sols sud-africains et qui ressemblent à mon propre esprit curieux. Je parviens à le faire en intervenant le moins possible dans la cave, mais en travaillant avec élégance les raisins. Je crois que chaque vin que je produis est un point de départ pour une conversation et pour faire ressortir l’esprit curieux de ceux qui m’entourent.
Aujourd’hui, vous travaillez toujours chez Adi Badenhorst tout en développant Vino PH. Comment s’articulent ces deux projets ?
J’ai eu la chance de pouvoir lancer ma propre marque, Vino pH, dans la cave d’Adi. J’ai eu accès à tous ses vignobles et à ses connaissances inestimables. Depuis 2024, je produis mes vins dans notre propre cave, Wolfkloof, que mon mari et moi avons construite.
Je continue à travailler avec Adi sur quelques projets viticoles. Nous nous comprenons très bien et il est toujours disposé à me donner des conseils sur la vinification, la culture de la vigne et la vie en général !
Concernant le Vino PH que nous proposons, pouvez-vous nous parler de l’emplacement des vignobles Palomino ? Ce cépage est-il répandu en Afrique du Sud, et pourquoi se trouve-t-il là-bas ?
Le Palomino provient de la ferme Bergendal, située au sommet du col Piekenierskloof. C’est un ancien vignoble planté au début des années 1970 à la place de buissons secs. Il se trouve à environ 750 mètres d’altitude et est planté sur des sols de grès de Table Mountain, qui contiennent beaucoup de granit. Ces sols confèrent toujours aux vins une merveilleuse minéralité et une bonne acidité. L’Afrique du Sud produisait autrefois beaucoup de vins de type sherry, pour lesquels le Palomino était planté.
Comment travaillez-vous dans les vignes et dans la cave pour cette cuvée ? Pouvez-vous décrire cette cuvée à la dégustation ?
Grâce à l’altitude et à une légère brise, la pression des maladies n’est pas élevée. Le vignoble est donc (heureusement) géré uniquement avec du soufre.
Je récolte les raisins lorsque les baies sont dorées, ce qui me donne de beaux arômes fruités et des tanins mûrs. Je presse 50 % des raisins en grappes entières pour obtenir un jus pur. Les 50 % restants sont mis en contact avec la peau pendant environ 4 jours afin d’extraire une partie des tanins. La fermentation est naturelle et se déroule dans de vieux fûts de 225 litres. Il titre 11° d’alcool.
La cuvée « pH Palomino » possède une salinité et une texture qui vous donnent envie d’en reprendre. Le nez révèle des notes de pamplemousse, de coing et d’abricot. Les tanins du vin apportent fraîcheur et tension, ce qui en fait un bon accompagnement pour les fruits de mer et le fromage (et bien d’autres choses encore)…