TeMata, c’est 125 ans de viticulture en Nouvelle-Zélande. Cela fait de vous l’un des plus anciens domaines du pays. Quels ont été les événements majeurs dans la vie du domaine ?

Dans les années 1870, John Chambers élevait des moutons qui broutaient dans ce qui allait devenir l’un des vignobles les plus réputés de Nouvelle-Zélande. Le fils de John, Bernard, a choisi de planter des vignes sur les pentes des collines orientées au nord, en bordure d’Havelock North. Bernard avait beaucoup voyagé et observé les conditions de viticulture similaires et réussies en France. En 1892, il a donc planté trois parcelles à flanc de colline au-dessus de la propriété. Lorsque les premiers raisins ont été récoltés en 1896, l’histoire du domaine Te Mata Estate a commencé. Aujourd’hui, nous cultivons toujours ces trois vignobles qui produisent nos vins les plus réputés : Coleraine, Awatea et Elston.

Après le succès de son premier millésime, John Chambers a poursuivi la plantation de vignes et a entrepris de transformer son écurie en cave et en chai. Il s’est rapidement fait un nom en tant que producteur de vins de qualité.

Cinquante ans plus tard, un autre amateur de vin ayant beaucoup voyagé a également vu le potentiel du domaine pour la production de grands vins. Ainsi, en 1978, John Buck a repris les vignobles Te Mata. Dans un marché local inondé par la production de Muller Thurgau, Buck a concentré ses efforts sur la plantation de raisins de style « claret », convaincu, comme Chambers, que les terroirs de la Hawkes Bay sont similaires à ceux de Bordeaux. Leurs premiers efforts ont été reconnus comme une étape importante dans l’évolution de la qualité des vins néo-zélandais. Les Cabernet Sauvignon des millésimes 1980 et 1981 de Te Mata Estate ont été jugés comme les meilleurs vins rouges du pays. Et le 1982 a vu la naissance des cuvées Coleraine et Awatea.

Au cours des trente années suivantes, le chai et les vignobles ont été progressivement restaurés et agrandis. Le chai d’origine, qui a miraculeusement survécu au tremblement de terre de 1931, est aujourd’hui notre chai pour les vins blancs. Il se trouve au milieu d’un ensemble de chais modernes conçus par les célèbres Athfield Architects de Wellington. Athfield a également conçu la maison de Buck, qui se trouve au milieu du vignoble de Coleraine, à quelques pas de la cave. C’est la maison la plus photographiée de Nouvelle-Zélande et elle est devenue un symbole du vin d’Hawkes Bay.

Avec ses 125 ans d’histoire viticole et une nouvelle génération de la famille Buck aux commandes, l’avenir de Te Mata Estate semble assuré. Bernard Chambers serait fier du chemin parcouru !

Hawke’s Bay, la région où vous êtes installés, est souvent comparée au terroir viticole bordelais. Qu’est-ce qui vous en rapproche ?

Hawke’s Bay se situe à 40 degrés de latitude sud. Le climat est ensoleillé, avec des températures similaires à celles de Bordeaux. Nous sommes une région côtière et l’influence maritime tempère les journées chaudes d’été et permet une longue saison de floraison. La plupart des sols viticoles ont des drainages naturels, sur des galets, formés par d’anciens lits de rivière. Tous ces facteurs sont similaires à ceux de Bordeaux et il n’est pas surprenant que les premiers colons européens aient planté des cépages bordelais. Hawke’s Bay excelle aujourd’hui dans la production de vins de ce style.

Nous proposons votre cuvée Gamay. Ce cépage est-il répandu en Hawke’s Bay, quelle est son identité, et votre façon de le travailler ?

Le Gamay Noir n’est pas courant à Hawke’s Bay, ni même en Nouvelle-Zélande. En 1995, Te Mata a introduit dans le pays une sélection de Gamay Noir à jus blanc, provenant du Beaujolais. Le Gamay Noir de Te Mata est un vin unique provenant du vignoble Woodthorpe Terraces. Les raisins sont récoltés en mars, au début de l’automne néo-zélandais.

En matière de vinification, 65% des raisins sont fermentés par macération carbonique, ce qui renforce les arômes fruités et floraux du vin. Les 35 % restants font l’objet d’une fermentation traditionnelle. Après la fermentation malolactique, les vins sont élevés pendant neuf semaines dans des fûts de chêne français âgés de plusieurs années.

C’est un vin magnifique et frais qui déborde de saveurs : framboise, loukoum, myrtille, fraise des bois et cerise noire mûre. Il a un caractère floral et est équilibré par des notes subtiles de fumée, de réglisse, de bois de santal et de cannelle. Un vin soyeux, élégant et époustouflant.