CONOSUR entretient un lien particulier avec le Pinot Noir. Il vous a fait connaître à Travers le Monde et vous lui avez donné sa notoriété au Chili. Comment est née cette envie de produire ce cépage qui n’est pourtant pas le plus facile à travailler ?

Au début de son histoire, la Viña Cono Sur était implantée sur le domaine Santa Elisa à Chimbarongo, sur lequel se trouvaient de très vieilles vignes de Pinot Noir. Nous avons immédiatement compris que nous avions là quelque chose d’unique et de précieux. C’était donc une évidence d’explorer son potentiel. Ensuite, nous avons cherché de nouvelles régions viticoles ayant les conditions idéales pour cultiver ce cépage. C’est ainsi que nous sommes arrivés en vallée de Casablanca, de San Antonio et à Biobío.
Le Pinot Noir est effectivement un cépage difficile à cultiver. Mais le fait d’avoir “découvert” des conditions naturelles de sol et de climat idéales ont suscité notre enthousiasme. Nous nous sommes passionnés pour cette aventure.
Le point de départ a été le Pinot Noir que nous avons découvert à Chimbarongo, et au fur et à mesure que nous avons étudié cette variété, nous avons été de surprise en surprise, ce qui a permis au Pinot Noir de s’épanouir et qu’il libère tout son potentiel dans notre pays.

Depuis près de 30 ans que vous le cultivez dans plusieurs régions viticoles chiliennes, comment voyez vous sont évolution ?

Nous avons commencé à cultiver du Pinot Noir à un moment où le Chili n’avait aucun recul sur ce cépage. À l’époque, Chimbarongo était considérée comme une vallée fraîche. Mais plus tard, en recherchant les mêmes conditions, nous avons trouvé des similitudes dans les régions du sud (Mulchén dans le Biobío) et sur les zones côtières. Nous avions ainsi tout le potentiel pour faire des vins haut de gamme.
Nous avons effectué des recherches approfondies sur le terroir, développé la qualité génétique et recherché les lieux les plus appropriés. Parallèlement, nous développons des connaissances sur sa vinification, en améliorant les techniques de fermentation par la sélection des raisins, les remontages manuels et des fermentations en cuves ouvertes, qui peuvent être ajustées en fonction des qualités de raisins.

Nous avons dans notre gamme le Pinot Noir “Bicicleta”, le “20 Barrels” et la cuvée “Ocio”. Quelles sont leurs différences et leurs identités ?

Avec la gamme “Bicicleta”, nous voulons montrer un Pinot Noir avec tous ses aspects : du volume, une expression fruitée et de la fraîcheur. C’est cette gamme qui montre l’identité du Pinot Noir. Frais, net, attrayant en bouche et facile à boire. Notre défi ici est de faire un vin qui exprime toute l’identité du cépage.
“20 Barrels” est le premier Pinot Noir haut de gamme que nous avons créé. C’est un vin produit en quantité limitée, provenant de petites parcelles de vieilles vignes de la vallée de Casablanca, vinifiés avec des remontages manuels et élevés en barriques françaises. Nous cherchons à obtenir l’expression d’un Pinot Noir complexe et charnu, avec un joli volume, des notes de fruits rouges mûrs, une bonne acidité, une grande concentration et un bon potentiel de vieillissement.
“Ocio” est notre Pinot Noir icônique Il représente l’expression maximale du Pinot Noir chilien de la Viña Cono Sur. Il est issu d’une sélection des meilleures parcelles des vignes les plus anciennes de Casablanca et San Antonio. Sa vinification exige une sélection manuelle des raisins, et une fermentation en cuves ouvertes. L’assemblage final est composé d’une sélection de nos meilleures barriques, choisies lors d’une dégustation à l’aveugle, barrique par barrique, avec notre conseiller Bourguignon, Martin Prieur. Ce vin unique est le résultat d’un travail très méticuleux destiné à élaborer un vin qui met en valeur la typicité, la complexité, la délicatesse et le potentiel de vieillissement de ce cépage.

Vous avez une forte ambition concernant le respect de l’environnement. Comment cela se traduit il dans les vignes ?

Tous nos vignobles sont cultivés dans le plus grand respect de l’environnement, soit en culture biologique, soit en culture raisonnée. Ces techniques impliquent – entre autres – la fertilisation naturelle des vignobles avec du compost, l’utilisation de prédateurs naturels, et l’augmentation de la biodiversité en créant des corridors biologiques favorisant la prolifération d’une flore et d’une faune indigènes. Un grand soin est également apporté au contrôle des équilibres naturels du vignoble tout au long du processus de production.

Vous êtes l’un principaux acteurs viticoles du Chili. Quelle est la tendance actuelle pour les vins chiliens dans le monde et quelles sont les tendances dans les prochaines années ?

Au cours des 40 dernières années, le Chili a fortement développé son vignoble et diversifié ses origines, en développant de nouvelles vallées viticoles et de nouveaux terroirs. Sa richesse réside dans la diversité, et dans les vallées extrêmes : sur la côte ou dans la chaîne de montagnes, du nord au sud.
En ce qui concerne la vinification, la tendance est aux vins plus frais, en évitant la surmaturité, ce qui valorise l’expression de chaque cépage. Les vins sont plus intenses, on recherche un style plus facile à boire, des vins plus juteux, plus délicats et expressifs, en évitant les excès de bois. En bref, ce sont des vins plus agréables.