Avant de nous parler du cépage Ruchè, pouvez-vous nous parler de votre vie avant et après 1999 ?

Avant 1999, j’ai consacré six années de ma vie à étudier l’agriculture et la viticulture, acquérant ainsi les bases techniques et culturelles nécessaires à la réalisation de mon rêve.
C’est en 1999 que j’ai décidé d’entamer une longue bataille contre mes parents, qui tentaient par tous les moyens de me détourner de ma passion : reprendre le domaine viticole de mon grand-père, en sommeil depuis vingt ans, et le rénover pour lui redonner vie. De 1999 à 2001, ma seule préoccupation a été de convaincre mon père de me laisser suivre cette voie, qui était pour moi une vocation, mais qu’il ne partageait pas.

Finalement, sous sa pression, je me suis inscrit à un concours public qui n’avait rien à voir avec le commerce du vin : j’ai obtenu la première place à l’épreuve écrite, mais j’ai décidé de ne pas passer l’épreuve orale. D’une certaine manière, c’était ma façon de mettre fin à cette bataille familiale. Mon père a compris qu’il n’y avait aucun moyen de me faire changer d’avis. C’est ainsi qu’a commencé le parcours qui a conduit à la création de ce qui est aujourd’hui Ferraris Agricola.

Vous êtes installé à Castagnole Monferrato dans le Piémont, comment pourriez-vous définir cette zone viticole ?

Je qualifierais Castagnole Monferrato de véritable exemple de « rédemption sociale ». Dans les années 1960, la ville a été frappée par un exode massif vers les grandes villes industrialisées de Turin, Milan et Gênes. De nombreuses familles ont quitté ces collines, les abandonnant de fait.


Grâce à la renaissance du cépage Ruchè, cette région viticole a retrouvé une nouvelle vie : aujourd’hui, elle attire des milliers de touristes et d’amateurs, séduits à la fois par la beauté du paysage et le caractère unique du vin produit. Si je devais la décrire en une image, je dirais que le Monferrato est « la Toscane du Nord », riche en biodiversité et dotée d’un patrimoine culturel et agricole extraordinaire.

Au sein de cette région, mon domaine est aujourd’hui l’une des références. Avec d’autres collègues, nous avons travaillé sans relâche pour redécouvrir le cépage Ruchè et valoriser non seulement l’appellation, mais aussi les zones environnantes, qui bénéficient aujourd’hui de la visibilité et de la reconnaissance qu’elles méritent.

Dans votre région, le Ruchè règne en maître. Quel est l’histoire de ce cépage, son identité ?

Le Ruchè est un cépage autochtone de Monferrato. Il a été cultivé pendant des siècles uniquement par quelques familles pour leur consommation personnelle. Son renouveau est dû à un prêtre local, Don Giacomo Cauda, qui a deviné son potentiel dans les années 1960. Il a commencé à le vinifier en monocépage, transformant ainsi un vin quotidien/local en produit emblématique de Castagnole Monferrato.
La personnalité de ce cépage est réellement unique : des arômes intenses de rose, de violette et de fruits rouges, avec une bouche qui allie élégance et caractère. C’est un vin qui parle le langage de notre région de manière directe et authentique, sans compromis.

Vous avez créé le musée du Ruchè au sein de votre domaine. Que peut-on y trouver ?

Le musée du Ruchè a été créé dans le but de raconter l’histoire de ce cépage et du terroir qui l’a rendu célèbre. Il s’agit d’un voyage immersif qui allie mémoire et sensations.
Les visiteurs peuvent y découvrir des documents historiques, des photographies, des outils anciens et, grâce à des panneaux et des vidéos, chacun peut revivre son évolution : de la production domestique aux premières vinifications mono-cépages, jusqu’à la reconnaissance internationale.

Un espace est également consacré à l’histoire de ma cave et à la manière dont, avec d’autres producteurs, nous avons contribué à la renaissance et à la promotion de ce vin. La visite se termine naturellement par une dégustation, car la meilleure façon de comprendre le Ruchè est d’apprécier son arôme et sa saveur, au milieu du paysage qui l’a vu naître.

Nous avons dans notre gamme la cuvée Sant’Eufemia, pouvez-vous nous présenter cette cuvée ?

Sant’Eufemia est un vin unique en son genre dans le Piémont. Il est élaboré uniquement à partir de raisins du cépage Ruchè. Il représente la version la plus simple, immédiate et agréable de ce cépage unique et distinctif.
C’est un vin prêt à boire, idéal à l’apéritif ou pour accompagner un repas informel.
Sa robe rouge rubis clair aux reflets violets est joyeuse et captivante.
Les arômes explosifs de boutons de rose et de cerises fraîchement cueillies sont intenses et laissent présager ce qui va suivre. En bouche, la fraîcheur et les tanins légers captivent immédiatement le palais et invitent à remplir à nouveau le verre.