L’histoire de Benanti débute en 1988 avec votre père Giuseppe. Qu’est ce qui l’a poussé à se lancer dans ce projet ? Comment, votre frère et vous, participez-vous aujourd’hui à ce projet familial ?

Notre père Giuseppe était un bon vivant et un vrai connaisseur de vin. Sa profession d’origine (dans le domaine pharmaceutique) lui a permis de voyager dans le monde entier, de dîner dans les meilleurs restaurants et de goûter de très bons vins.


Vers l’âge de 35 ans, il a donc commencé à planifier, de façon très concrète, la création de son propre domaine viticole, un projet qui est devenu réalité quelques années plus tard, en 1988 justement. A cette époque-là, il n’y avait pas beaucoup de producteurs de vins autour de l’Etna. Il a fallu beaucoup investir pour développer un marché pour nos vins. Ce sont des vins de montagne, frais et élégants, pas forcément ce que les gens imaginent quand on parle de Sicile.
Mon frère et moi avons rejoint notre père dans cette aventure il y a une quinzaine d’années. Avant de revenir en Italie, nous avions passé presque 20 ans à l’étranger, surtout en Suisse et en Angleterre.

La spécificité de Benanti est que vous avez des vignobles sur les différents versants de l’Etna. Quelles sont les caractéristiques de ces différentes zones ?

Oui, exactement. L’Etna est un véritable monde de microzones et il y a des différences très importantes entre les 4 côtés de l’Appellation.
Le Nord est en général plus frais et on y produit des vins, surtout rouges, fins, élégants, floraux. On y trouve surtout le Nerello Mascalese, le cépage rouge typique de l’Etna, qui ressemble un peu au Pinot Noir et au Nebbiolo du Nord du Piemont.
Le côté Est s’identifie avec le petit village de Milo et sa sous-Appellation “Etna Bianco Superiore”, qui est très prestigieuse. Ici on plante uniquement du Carricante, le cépage blanc typique de l’Etna. On obtient des vins blancs avec une très belle acidité et des notes très délicates de fleurs blanches. Les vignes se trouvent à presque 800 mètres d’altitude, entre la mer et le sommet du volcan. Les vents y sont très forts, et les pluies plus fréquentes qu’ailleurs. On compare parfois les vins de Milo et ceux de Chablis.
Sur le côté Sud du volcan, on retrouve deux sous-zones, le Sud-Est et le Sud-Ouest. Les vignes du Sud-Est sont à moins de 10 kilomètres de la mer, la brise souffle régulièrement mais on a beaucoup de soleil aussi. Sur ce côté-ci, on retrouve tant le Nerello Mascalese que le Carricante. Par contre, le côté Sud-Ouest est trés loin de la mer et il fait plus chaud. Pour cette raison, les vignes se trouvent à presque 1000 mètres d’altitude. On obtient des vins plus riches et concentrés, mais qui gardent une très belle acidité grâce à l’altitude. Ici, à part le Nerello Mascalese et le Carricante, on retrouve aussi le Nerello Cappuccio, un cépage presque inconnu, qui ressemble au Cabernet Franc de Loire ou à certains Gamays.

Vous cultivez en blanc le Carricante, comment définissez-vous ce cépage ? Et pourquoi la cuvée Pietra Marina est devenue un vin iconique ?

Le Carricante est, tout simplement, l’un des meilleurs cépages blancs d’Italie. Il est très élégant, pas trop aromatique, et il est élevé généralement sur lies. Il est capable de donner des vins avec une très belle acidité, des notes de fleurs blanches, de silex, salines et pétrolées.
La cuvée Pietra Marina est devenue une icône grâce à ces différentes qualités et à sa longévité extraordinaire.

Pour les rouges, le Nerello Mascalese et le Nerello Cappuccio sont à l’honneur. Ils font de Benanti un ambassadeur de ces cépages. Comment sont-ils travaillés à la vigne et ensuite au chai ?

Les deux cépages sont travaillés de façon assez similaire dans la vigne. Le système que l’on préfère est le gobelet. La taille est très courte et le rendement par hectare très bas (environ 5.000 kg).
Mais ensuite, l’élevage est différent. Le Nerello Mascalese est élevé en fûts de chêne français pendant 12 mois, alors que le Nerello Cappuccio n’est élevé que dans des cuves inox.

Au niveau plus général, comment voyez-vous l’évolution des vignobles situés autour de l’Etna ?

On imagine que le développement de la région ne va pas s’arrêter. La qualité des vins est en hausse et les investissements aussi. Les producteurs sont, en ce moment, très nombreux et très très petits. Il pourrait peut-être donc y avoir une phase de concentration…